Les écuries royales

Si Hache ne fut pas surpris de voir Alice il en fut de même pour elle. Ce n'était que la troisiéme fois qu'elle le voyait mais à chaque fois c'était dans des lieux et des moments inatendus. Si Alice avait ouvert la porte d'un placard et trouvé Hache dedans elle n'aurait pas été plus étonnée. Elle répondit à la courbette de Hache par une révérence purement princiére

- Maître Hache bien le bonjour! Vos affaires se portent elles toujours aussi bien ? Et êtes vous si surpris que cela ?

Elle regarda sa brosse et dit espiéglement
- Les réflexes d'un membre de la garde sont ils meilleurs que ses courbettes ?

D'un geste précis elle lui lança la brosse. De maniére ciblée pour qu'il puisse l'atteindre facilement mais qu'il doive se déplacer légérement .

Alice s'approcha de Hache et lui reprit la brosse des mains avec un petit sourire amusé.
- Allons laissez moi vous débarrasser de cela...

Elle se retourna et rangea l'instrument à sa place. Puis Hache lui dit qu'il la félicitait pour le mariage à venir. Alice pensa que le terme "à venir" était en effet fort bien choisi. Il revêtait exactement ce que serait ce mariage. A venir, un jour, peut être, si on y pensait...Quand on connaissait le marieur et son organisation, le terme de mariage perdait toute son importance. Ce qui arrangeait bien Alice. Alors ça y est tout le monde était au courant... Quoi d'étonnant dans le fond? Les rumeurs se répandaient à une vitesse impressionnante. Mais si le peuple attendait vraiment sur cet événement il pouvait être assez déçu...une fois de plus.
- Je vous remercie Hache. Mais le mariage n'est pas franchement un exploit. Et dans le cas d'une Princesse il est une chose obligatoire ...C'est notre rôle.

Elle ajouta en souriant
- Tout comme le votre est d'avoir les bons réflexes au bon moment.

C'était une simple constatation qu'elle faisait. Un page fit sortir Eclatant et Patience de leurs boxes. Alice saisit les longes et enmena les chevaux à l'extérieur. D'un geste grâcieux elle invita Hache à la suivre si il le souhaitait. Le page ouvrit les barriéres d'un grand espace en terre battue et la referma aprés qu'Alice eut laché les chevaux à l'intérieur. Ainsi ils pouvaient galopper librement et en sécurité. Alice les regarda faire pensivement.

- Pour les chevaux et leur caractére je ne saurais vous dire...c'est la spécialité de ma soeur Cassandre. Mais m'occuper de ces deux là me plaît énormément.

Alice ensuite rougit violemment à la question de Hache. Elle n'avait pas l'habitude de parler de sa vie intime et encore moins avec un garde royale. Même si celui-ci était Hache et qu'elle le connaissait un peu maintenant. Quoi que connaître était un bien grand mot. Hache était bien trop énigmatyque pour qu'Alice puisse prétendre le connaître un jour.
- Là vous êtes trés indiscret Hache et ce que je désire n'a aucune importance.

Elle l'observa un peu. Lui semblait s'amuser follement. Bon c'est vrai qu'il ne s'agissait que d'un mariage. Quand on était pas concerné cela pouvait sembler anodin voir même rasoir. Mais Alice, elle, mesurait parfaitement les conséquences qu'allaient engendrer son devoirs. Ce qui se passerait si elle l'accomplissait ou si elle s'en désistait. Et pouquoi si on y attachait si peu d'importance on en parlait ? Tout le monde ne s'intéressait il qu'à des ragots ? L'important était vraiment un détail en ce bas monde.Elle regarda Hache l'air un peu déçu
- Hache, ne vous abaissez pas au niveau des comméres accariâtres qui se plaisent à dénigrer tout ce qui les entoure. Croyez moi, nous avons les gens qu'il faut pour jouer à cela...

Elle l'enveloppa d'un regard scrutateur. Il savait c'était évident, d'ailleurs tout le monde devait savoir. Nathan et elle ne s'étaient pas montrés trés discrets. Mais cela lui était égal, elle n'avait pas honte et elle n'avait de compte à rendre à personne.
- D'autant plus que vous connaissez parfaitement la réponse à votre question.

Puisque Hache semblait s'amuser autant continuer.Cependant quand il parla de ses services et de ce qu'il pouvait faire, Alice ne put s'empêcher de sourire
- VOus êtes bien aimable Hache je vous remercie. Mais j'ai bien peur de ne pouvoir accepter vos indispensables services...Car l'humble princesse que je suis n'a surement pas les moyens de pourvoir à une telle dépense, ni la clairvoyance d'y accorder l'importance nécessaire...

Elle le regarda
- Enfin cela vous devez forcément le savoir aussi.

Bientôt Alice pourrait postuler pour un poste de princesse comique, ou d'amuseuse de la galerie. Reconversion fort intéressante et qui ne manquerait pas d'attraits.

Les régles du commerce étaient ce qu'il y avait de plus simple. Il fallait au moins deux acteurs : un offreur, qui vendait sa marchandise ou ses services et un demandeur qui voulait souscrire ces mêmes services ou marchandises et les payait selon un montant établi en commun accord. Alice leva un regard interrogateur vers Hache. Que voulait il exactement ? Elle ne le reconnaissait pas. Les derniéres fois il n'avait pas eu ce comportement douteux et étrange. Pourquoi faisait il cela ? Pour commencer, il prenait tantôt le rôle d'offreur, tantôt celui de demandeur. Et il parlait à Alice avec une ironie mordante. Qu'avait elle bien pu faire pour qu'il change à ce point d'attitude ? Et savait il lui même ce qu'il voulait ? Alice en tous cas, n'y comprenait plus rien...Elle s'approcha de Hache et lui demanda
- Vous permettez ?

Sans précipitation et avec sérénité, elle tira de la ceinture de Hache une dague. Un poteau en bois était situé à 7 métres d'eux. Elle visa et l'atteignit impeccablement. Elle alla chercher la dague et la rendit à son propriétaire en lui présentant la garde.
- J'ai eu un excellent professeur. Savez vous ce qu'il m'a dit ?
"Le meilleur conseil que je puisse vous donner c'est de moins penser à viser et compter un peu plus sur votre instinct. Faire le vide plus ou moins"

Elle le regarda et dit
- J'ai suivi son conseil et je me suis entraînée. J'ai beaucoup d'estime pour cet homme. Il trouve toujours les mots justes et surtout...

Elle plongea son regard dans le sien
- Il a un sens de l'honneur irréprochable

Elle se détourna de lui et alla reprendre les longes d'Eclatant et Patience :
- Il s'apelle Hache, Maître Hache pour moi. Si d'aventure vous le croisez, dites lui que la Princesse Alice aura grand plaisir à le revoir.

Alice fouilla dans sa poche, et en sortit un rayen de bronze qu'elle lança à Hache.
- Pour que vous pensiez à lui dire si vous le rencontrez.

Alice rentra les chevaux dans leurs boxes respectifs et planta Hache là. Elle le savait, elle était naïve, pas trés intelligente et trop confiante. Mais par tous les Dieux, si elle avait pu changer, elle l'aurait fait! Elle n'y arrivait pas, ses défauts ressurgissaient toujours et avec plus de force. Alice le savait, un jour ils la perdrait. En attendant elle demanda à ce que Patience et Eclatant soit étroitement gardés

Hache éclata d'un rire énorme alors qu'il repartait s'occuper de ses autres occupations d'un pas joyeux. Décidemment cette princesse ne manquait pas d'humour ni de caractère. Il ne pouvait s'empecher d'aller la voir, pour se divertir principalement, et il savait bien qu'il la recroiserait de nouveau par "hasard". En tout cas elle avait bien retenu la leçon sur "comment toucher une cible".

Mais malheuresement pour le moment le temps de l'amusement était passé et il lui fallait retourner à des affaires bien plus serieuses.

*Au plaisir de vous revoir princesse* se dit il.

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Claire fit entrer Crowen dans les écuries discrètement et l'amena dans le dernier box de la droite. Il y avait suffisemment de paille pour qu'il puisse se cacher en cas de besoin. Pendant qu'il observait les lieux, Claire attachait sa longue chevelure en un chignon, coiffure assez typique des servantes du château. Elle réfléchissait toujours, pour mettre tout au point.

-Bon...Alors je vais aller chercher un habit et je le déposerai dans le débarras. Pour ce qui est de ton introduction dans les couloirs, peut-être devrais-tu attendre le soir. Surtout si tu as l'intention d'aller chez le Prince Olrik, il veille très tard en général. Cela ne t'empêche pas d'entrer dans le château par contre...

Claire finit de se préparer et regarda Crowen dans les yeux.

-Voila, je crois qu'on est fin prêts...quand j'aurai fini ma journée, je retournerai dans notre chambre à l'auberge et je t'y attendrai.

Pour la première fois depuis l'élaboration de son plan, Claire eut peur qu'il arrive quelque chose à Crowen. Elle s'approcha de lui et déposa un baiser tendre sur ses lèvres.

-J'espère que tu serras rapidement de retour...mon amour...

Attendre le soir dans cette écurie? Avec quoi allait-il bien pouvoir tuer le temps? Il ronchonna une réponse inaudible.

Comme la jeune femme ajustait son apparence au besoin de son rang, Crowen observa d'un air sceptique son propre pantalon et sa chemise bleue. Visiblement, les vêtements permettait de distinguer rapidement la fonction de chaque personne au sein du château.

Il ressenti la fébrilité et la légère anxiété qui mesurait le ton desderniers mots que prononça la servante qui lui faisait maintenant face. Il songea un instant que Claire pourrait rencontrer lors de cette entreprise, des évênements non calculés qui la mettrait en mauvaise posture.

Il ne savait pas quoi dire...il était tiraillé entre la necessité de garantir sa sécurité, et la réussite de leur plan pour SON intérêt.

Il se redressa bien droit, l'air très sombre:
"_Sois prudente."

Il se rappela de la dague qui était accroché à sa ceinture , cachée sans le revers de son pantalon noir. Il en aurait peut-être besoin au cas ou un des membre de la famille royale appelerait la garde à sa rescousse. Il fronca les sourcils et se massa la nuque.

"_Je te fais confiance.. ajouta t-il, sachant qu'elle faisant des efforts pour le satisfaire.

Citation :

-J'espère que tu serras rapidement de retour...mon amour...

De retour auprès d'elle? Certes, si tout se passait comme prévu.

Un brin de paille frotta sa joue fraichement rasée. Crowen ouvra un oeil et se jetta sur ses pieds, abasourdi. Non! Il avait dormi et l'heure était tardive. Déjà les écuries étaient plongées dans la pénombre grise bleutée du crépuscule.

Il se rappela vivement des instructions de Claire à propos du débarra.

L'homme tatônna maladroitement le fond de la stale. Des rebors en bois mal cloués encadraient une sorte de petite porte carrée, à même le sol.
Il souleva le panneau qui glissa sur le côté. Une écharde s'enfonca dans son doigt.

Il se faufila vers le carré de lumière de l'autre côté du petit tunnel.
Enfin, il se releva et constata les alentour. Il était dans une minuscule pièce jonchée de nombreux objets hétéroclyte. Un petit tonneau tronnait à ses pieds. Dessus, étaient déposé avec soin des pans de tissus blanc. Ca devait être son habit dérobé par la jeune femme à son intention.

Il sucotta son doigt bléssé et chercha des yeux l'issue menant au château. Il devait faire vite, n'importe qu'elle serviteur pouvait débarquer d'un moment à l'autre.

Cape au vent, Félicia attacha les lacets de son corset d'une main experte. Elle termina par boucler sa ceinture ornée de christaux d'améthystes et abandonna sans crupules les froques du palefreniers qu'elle avaient revêtue pour se déguiser.
Elle passa ses doigts dans ses cheveux et relâcha une expiration exprimant toute la contrariété et la frustration qui l'habitait.
Elle devait se calmer les esprits avant de prendre une décision pour cet homme .

Elle décida de quérir l'avis d'un des membres de sa famille, laissant de côté sa décision irrévoquable de partir à la chasse aux brigands.

(château)